Depuis le début du printemps, un petit groupe d’ados de l’IME Les Terrasse5 de Nice retape deux embarcations. Une belle histoire d’échange humain.

La touche finale. En tirant sur la bande autocollante, Mario dé­voile les onze lettres. Sous les applaudissements, le jeune homme vient de baptiser «La vie en rose ». Et il a de quoi être fier. Tout comme ses camarades qui, vendredi; ont vu leur réalisation flotter sur les eaux limpides du Cap d’Antibes. De­puis le début du printemps, ce petit groupe d’adolescents planche au port abri de !’Olivette. Un atelier grandeur nature pensé par leur édu­cateur technique au sein de !’!ME Les Terrasses de Nice, -Lucio Ven­ditti : « Cela nous permet de travailler hors les murs. »
Une parenthèse qui, tous les vendre­dis, offre à ces jeunes atteints de déficience intellectuelle avec trou­bles associés la possibilité d’appren­dre ailleurs, différemment. L’enjeu est multiple : « Ce qui est in­téressant dans cette démarche c’est qu’elle est ludique. L’idée c’est tou­jours la stabilité du poste de travail et aussi d’interagir avec l’autre. Cer­tains d’entre eux ont de bonnes capa­cités techniques mais c’est le rela­tionnel qui demande plus d’efforts. »
Huile de coude
Alors ici, il n’y a pas le choix. Puisque semaine après semaine, ce petit groupe de cinq, puis de six, a appris à rénover une embarcation. Précision, patience, rigueur. Mais aussi partage. À domicile, les mem­bres de l’association de défense du port ont accueilli à bras ouverts ces nouveaux complices de l’établisse­ment ADSEA 06. « C’est vraiment une belle expérience. D’ailleurs, on compte bien les emmener faire un tour sur l’eau dès què la deuxième embarcation est prête », promet le président,_ Olivier Occelli, en dési­gnant la barque qui attend son tour. « Le Lundi au soleil » devrait être terminé à la mi-juin. À temps pour concourir lors de la Saint-Pierre. Mais avant ça, il faut bien mettre à l’eau la première. Tous ensemble, ados et adultes usent d’huile de coude. « C’est à l’ancienne, on fait comme les romains, on la fait glisser sur des rondins de qois », s’amuse la joyeuse troupe jusqu’à faire flotter le pointu rose sur les flots. Tout le monde se réjouit, les bras se lèvent, on se tape dans les mains.
Un défi de réussi !
En fait, non.
Il n’y en a pas qu’un.
Si les plus jeunes reçoivent, ils ap­portent beaucoup. Pour faire bouger les lignes comme le souligne Lucio Venditti : « Je fe dis sans détour: le handicap fait peur. C’est en créant des moments comme ça que le regard change. Et qu’on voit que non, le han­dicap, ne fait pas si peur que ça. )> Parce qu’après tout, pour que l’in­clusion fonctionne, il faut la banali­ser. Et à ce sujet, on a tous du pain sur la planche …

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